Date de publication : lundi, Sep 11

Avis d’expert – entretien avec José Félix DIÉ, Directeur Général de la SGCAM WA

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Dans cet entretien accordé par José-Félix DIÉ dans le 9ème numéro de LA TENDANCE, il présente d’une part, la SGCAM WA qu’il dirige et d’autre part, le Marché des Titres Publics en tant que canal d’investissement qui offre une réelle opportunité aux investisseurs.

Pouvez-vous nous présenter votre SGO ? Quel est le business model de la SGO ? Est-ce qu’elle propose des Fonds Communs de Placement ? Si oui, quelles sont leurs compositions ?

Société Générale Capital Asset Management West Africa (SGCAM WA) est la filiale de gestion d’OPCVM du groupe Société Générale en Afrique de l’Ouest. Derrière l’acronyme OPCVM se cachent “Organisme de Placement Collectif en Valeurs Mobilières” et qui désigne une catégorie de fonds d’investissement représentés par deux grandes familles, à savoir les FCP et les SICAV. Ces fonds permettent à tout investisseur de confier leurs capitaux à des professionnels qui investissent pour eux dans une ou plusieurs classes d’actifs (Actions, obligations, monétaires…), en utilisant différentes stratégies ou techniques de gestion. Par rapport à la gestion d’un portefeuille en direct, l’investissement dans un placement collectif de type SICAV ou FCP présente plusieurs avantages pour un épargnant :

La diversification : C’est le fondement même du recours à une société de gestion. La diversification d’un portefeuille propre à tout OPCVM vise à répartir les risques selon différents critères (géographiques, sectoriels, aux taux d’intérêt, à la liquidité, etc.), sachant qu’un investisseur individuel a souvent tendance, par manque de temps ou de compétences en finance, à trop concentrer ses investissements sur un nombre limité de titres, ce qui aura pour conséquence d’avoir un portefeuille globalement plus risqué.

La Délégation de gestion à des professionnels : L’achat de titres Actions ou Obligations qui composent les portefeuilles des OPCVM nécessite d’avoir des connaissances et l’expérience des marchés financiers. Les SGO disposent des ressources humaines qualifiées (gérants de fonds, analystes financiers, gestionnaires de risque, etc.) pour réaliser des investissements de façon rationnelle en appliquant des stratégies adaptées aux différentes classes d’actifs et à la variabilité des conditions de marché.

L’accessibilité : Grâce à des tickets (investissement minimum) réduits, les OPCVM permettent aux investisseurs, notamment les particuliers, de pouvoir souscrire à des fonds alors que l’investissement en direct nécessite beaucoup plus de moyens (solde minimum pour la création d’un compte-titres et frais de courtage induits.)

La liquidité : Les parts de FCP et les actions de SICAV peuvent, dans la majorité des cas, être achetées ou revendues à tout moment selon les modalités prévues dans leur note d’information. Leur prix, appelé « valeur liquidative », est calculé le plus souvent quotidiennement et permet de suivre l’évolution de la situation du portefeuille de l’investisseur. A l’inverse, lors d’un investissement en titres vifs, la liquidation est conditionnée à la disponibilité d’une contrepartie, ce qui induit un risque de liquidité.

Société Générale Capital Asset Management West Africa offre aux clients particuliers, entreprises et institutionnels tout une palette de FCP couvrant tous les profils d’investisseurs grâce à une combinaison de stratégies entre les sous-portefeuilles Actions et sous-porte- feuilles Obligations.

Nos clients ont la possibilité de choisir entre les fonds Grand Public suivants :

Tableau : Liste des Fonds Commun de Placement Grand Public

FONDSCATEGORIESTRATEGIE « ACTIONS »STRATEGIE « PRODUITS DE TAUX »BENCHMARK
SOGEDYNAMIQUEFonds ActionMultifactorielStratégie Crédit + Stratégie Échelonnée100 % BRVM Composite
SOGEVALORFonds ActionIndicielStratégie Crédit + Stratégie Échelonnée100 % BRVM Composite
SOGEDEFIFonds DiversifiéMultifactorielStratégie Crédit + Stratégie Échelonnée60% BRVM C + 40% Indice Obligataire
SOGEPRIVILEGEFonds DiversifiéMultifactorielStratégie Crédit + Stratégie Échelonnée65% BRVM Composite + 35% Indice Obligataire
SOGEAVENIRFonds DiversifiéIndicielStratégie Crédit + Stratégie Échelonnée65% BRVM Composite + 35% Indice Obligataire
SOGESECURITEFonds Obligataire Moyen Et Long TermeNAStratégie Crédit + Stratégie Échelonnée100% Indice Obligataire
SOGELIQUIDFonds Obligataire Court TermeNAStratégie Crédit + Stratégie Échelonnée100% Indice Obligataire
SOGELIQUIDFonds Obligataire Court TermeNAStratégie Crédit + Stratégie Échelonnée100% Indice Obligataire

Source : SGCAM WA

Nous offrons également la possibilité de structurer et de commercialiser des Fonds Communs de Placement (FCP) dédiés à savoir : les Fonds Communs de Placement à Risque (FCPR) qui lèvent des capitaux auprès d’un certain nombre d’investisseurs en vue de les investir conformément à une politique d’investissement définie dans l’intérêt de ces investisseurs. Ce type d’investissement permet, sous conditions, de bénéficier d’une fiscalité avantageuse en matière d’impôt sur le revenu et de plus-values. Ils sont dédiés aux clients entreprises et institutionnels afin de répondre à des contraintes et objectifs particuliers. Nous en détenons l’agrément et l’expertise nécessaires.

Enfin, nous sommes présents sur le volet de la retraite complémentaire grâce à notre offre d’épargne salariale à travers la constitution des Fonds Commun de Placement Entreprises (FCPE) dont nous sommes pionniers sur le marché financier régional de l’UEMOA.

Est-ce que la SGO pense que la mobilisation des ressources financières dans l’Union, nécessite une stratégie d’innovation permettant de créer de nouveaux avantages compétitifs et une réelle valeur ajoutée pour les investisseurs et pour l’économie de notre zone ?

Il est clair que nous avons un potentiel de mobilisation de ressources financières qui n’est pas totalement exploité, même si des efforts importants sont consentis par nos États. Par exemple, le niveau des recettes totales des administrations publiques en Afrique est inférieur de 20,1% à celui des pays à revenus élevés. En tenant compte des disparités qui existent, il faudrait prendre des mesures afin d’accroître l’efficacité du système de collecte des recettes publiques.

Il est à noter également que le rapport entre la taille des actifs sous gestion (Asset Under Management) de la sous-région rapportée au Produit Intérieur Brut (PIB) est inférieur à 1% (sensiblement égal à 0,75%) en comparaison à celui du Ghana qui est de 8%, celui du Maroc qui oscille autour de 37% voire 100% pour certaines économies plus développées. Ces ratios indiquent clairement que la capacité de collecte dans notre zone est encore vaste et quasi inexploitée.

Quelle est la cartographie des investisseurs institutionnels avec qui la SGO travaille ? Qui sont les plus gros acteurs ? Quels sont ceux qui viennent le moins et pourquoi ?

La SGO travaille principalement avec des caisses de retraites ou caisses de dépôts, des compagnies d’assurance et de réassurance et des banques. Les plus gros acteurs sont les banques et les caisses de retraites. Les compagnies d’assurance ont réduit leurs souscriptions aux FCP, pour donner suite à la réglementation qui imposait une provision au-delà d’une moins-value de 5%. Elles se sont ensuite concentrées sur les FCP obligataires mais dans une moindre mesure.

Comment se porte l’épargne publique au sein de la zone UEMOA ?

La situation de l’épargne publique dans l’espace UEMOA est à mettre en relief avec d’une part, la situation économique dans laquelle notre zone se situe et, d’autre part, relativement aux nouveaux canaux de mobilisation de cette épargne.

S’agissant du lien avec la situation économique, il faut indiquer que notre zone est impactée par un certain nombre de facteurs exogènes et endogènes qui influencent notamment l’épargne publique à savoir : le renchérissement des produits importés en lien avec les tensions géopolitiques internationales (crise russo-ukrainienne, tensions commerciales Chine-USA, etc.) et mais également les problèmes politico-sécuritaires internes (Mali & Burkina Faso) empêchant un écoulement des marchandises entre les pays membres de l’UEMOA.

Ces chocs ont sensiblement modifié le comportement d’épargne des agents économiques, notamment avec le resserrement des conditions financières en lien avec la normalisation actuelle de la politique monétaire de la part de la BCEAO, faisant peser du coup des risques importants pour les États membres quant à leur capacité de mobilisation de ressources sur le marché financier régional aussi bien via les appels publics à l’épargne que sur le marché des adjudications.

Par ailleurs, le développement de nouveaux canaux de mobilisation de l’épargne, via les évolutions technologiques en lien avec le Mobile Money ou les Fintechs, ont changé les comportements d’épargne des consommateurs et obligés l’ensemble des acteurs (Banques, Fintechs et Télécoms) à un ajustement dans leur stratégie de mobilisation de l’épargne publique dans un contexte de concurrence accrue, au bénéfice des populations. Toutefois, les tensions inflationnistes ambiantes actuelles continuent d’exercer une pression énorme sur le pouvoir d’achat des ménages et donc sur leur capacité d’épargne.

Quelle est l’analyse faite des produits financiers proposés par le Marché des Titres Publics ?

Le Marché des Titres Publics offre trois (3) principaux produits de taux à savoir :

  • Les Bons Assimilables du Trésor (BAT) sont des titres de créances à court terme émis par l’État par voie d’adjudication.
  • Les Obligations Assimilables du Trésor (OAT) sont des titres de créances à moyen et long terme, émis par l’État par voie d’adjudication.
  • Les Obligations Synthétiques (OS) se définissent comme un produit structuré constitué de plusieurs titres (bons et/ou obligations) à remboursement In Fine.

Le Marché des Titres Publics offre des produits qui présentent plusieurs avantages dont notamment des bons du Trésor de maturité inférieure ou égale à deux (2) ans répondant à des impératifs de gestion de trésorerie alliant sécurité et qualité, un couple rendement/ risque optimal, une rémunération connue et payée d’avance à l’investisseur lors de l’acquisition des titres (intérêts précomptés) et un investissement permettant de contribuer aux ressources de trésorerie de l’État. Enfin le Marché des Titres Publics offre aussi une variété d’instruments permettant de diversifier le portefeuille de l’investisseur.

Que pensez-vous du Marché des Titres Publics en tant que canal d’investissement ?

Le Marché des Titres Publics est l’unique marché régional, par adjudication, exclusivement dédié au financement des États membres de l’UEMOA. Les émetteurs souverains sollicitent, à travers des procédures adaptées, l’émission de titres publics souscrits par des acteurs spécifiques soit pour leur compte propre ou pour celui de tiers. Le marché est composé des émetteurs, des Spécialistes en Valeurs du Trésor, des intermédiaires de marché (banques, SGI) et des autres investisseurs (particuliers, entreprises et organisations). Il offre une réelle opportunité aux investisseurs de saisir des opportunités liées à des produits sans risque et garantis par la souveraineté des États émetteurs.

Avez-vous des recommandations à proposer pour une meilleure collecte de l’épargne et donc pour une participation plus active des particuliers et des investisseurs institutionnels aux émissions de titres publics ?

En effet, afin de mieux collecter l’épargne publique et favoriser le développement de l’économie de la zone UEMOA, il serait intéressant de fournir une éducation financière aux populations au préalable, en leur montrant comment gérer au mieux leurs ressources en fonction de leurs objectifs de vie et du contexte économique et financier. Elle doit permettre à chacun de faire des choix financiers éclairés.

Notre SGI : Société Générale Capital Securities West Africa, dispense des séances d’éducation financière depuis peu, facilitant l’accès des particuliers au Marché des Titres Publics.

Que pensez-vous de la nécessité de l’éducation financière des populations par une vulgarisation des concepts financiers pour impacter entre autres l’épargne publique ?

L’éducation financière permet de savoir comment gérer au mieux ses ressources en fonction de ses objectifs de vie et du contexte économique et financier. Elle doit permettre à chacun de faire des choix financiers éclairés. Elle est d’autant plus essentielle dans un monde numérique qui confère une grande autonomie au client.

Ainsi, elle s’impose aujourd’hui pour vulgariser des concepts financiers afin d’impacter entre autres l’épargne publique. L’éducation financière compte aujourd’hui parmi l’une des huit compétences clés prônées par le G20, jugée indispensable pour protéger et améliorer le bien-être financier de la population.

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