Date de publication : mardi, Avr 12

Entretien avec M. Arnaud S. PODA, Directeur de la Trésorerie de Coris Bank international SA

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Retrouvez dans le 6ème numéro de LA TENDANCE, un entretien avec le Directeur de la Trésorerie de Coris Bank international SA, M. Arnaud PODA, qui nous donne son avis d’expert sur l’intérêt pour les investisseurs et les Etats de l’allongement des maturités des titres publics et leurs impacts sur l’économie des Etats de la zone.

Selon les données du bulletin des statistiques du dernier trimestre de l’année 2021 produit par UMOA-Titres, on enregistre des volumes mobilisés de 59, 25 et 130 milliards sur des maturités respectives de 07, 10 et 15 ans. De même cette tendance s’observait déjà sur le trimestre 3 sur les opérations du Marché des Titres Publics avec une mobilisation de 293, 187 et 230 milliards respectivement sur des maturités de 10 ans, 07 ans et 05 ans. Les données du trimestre 2 indiquent une mobilisation sur les mêmes maturités respectivement des volumes de 290 milliards, 333 milliards, 283 milliards.

Au trimestre 3 de l’année 2019, les mobilisations des Etats sur le marché des titres émis par adjudication sur les longues maturités restaient timides avec des volumes de 116 milliards, 20 milliards, 112 milliards respectivement sur les maturités 08, 07 et 05 ans. Entre 2019 et 2021, le Marché des Titres Publics a donc connu une évolution remarquable quant à l’allongement des maturités, aux volumes transigés sur ces maturités et la liquidité de ces titres à travers le marché secondaire. Il y a lieu de saluer le travail remarquable abattu par tous les différents acteurs du marché surtout UMOA-Titres pour rendre plus liquides les titres publics.

Dans ce contexte de relance des économies, les Etats sont les premiers acteurs qui doivent impulser la dynamique en développant des projets structurels à impacts durables. Le financement de ces projets passera par des émissions d’obligations de maturités plus longues (10 à 15 ans voire plus). Il est impératif aujourd’hui pour nos Etats de se doter d’un système de Gestion Actif-Passif pour allouer les ressources adéquates aux différents projets de développement. Toujours selon les données statistiques de UMOA-Titres au trimestre 3 2021, nous notons plus de 4 500 milliards de remboursement attendus en 2022 et 2023 au titre du service de la dette en remboursement capital : une concentration énorme sur ces maturités alors que le service de la dette est quasiment nul à partir de 2029. La question qui se pose : Est-ce qu’un grand projet de développement financé aujourd’hui peut-il produire véritablement des retours sur investissement en 05 ans ou 10 ans pour assurer convenablement le service de la dette ? Toutefois, des dangers et enjeux résident pour nos Etats en proie à la crise sécuritaire et sanitaire. Car des ressources mobilisées sur le long terme pour financer le développement pourraient être détournées pour couvrir les besoins financiers en matière sécuritaire ou sanitaire. D’autres types de financements pourraient être structurés pour juguler ces crises. La BCEAO et UMOA-Titres ont accompagné les Etats en structurant par exemple les Bons COVID-19 en 2020, les Obligations de Relance et les Bons de Soutien et de Résilience en 2021.

Le développement du marché secondaire sera très profitable à tous

Les Etats ne peuvent mobiliser des ressources de longues durées sur notre marché qu’avec l’accompagnement des différents investisseurs. Au stade actuel de notre marché, la majeure partie des investisseurs les plus actifs sur le Marché des Titres Publics est constituée essentiellement par les banques. L’enjeu pour les banques serait bien évidemment de mieux connaître la structure de leurs ressources (en l’occurrence la duration des ressources détenues). Le rôle des banques ayant essentiellement des ressources de courtes et moyennes durées, serait orienté dans la distribution des titres du primaire sur le marché secondaire. Le développement du marché secondaire serait très profitable pour tous les acteurs en l’occurrence les banques dans le financement des Etats sur les longues maturités. Pour cela, les SVT (Spécialistes en Valeurs du Trésor) devront jouer pleinement leur rôle pour animer le marché et rendre les titres publics suffisamment liquides. Au-delà des banques, ce sont tous les investisseurs (SGI, institutionnels, assurances, sociétés privés, particuliers) qui doivent s’aligner à cette dynamique et profiter des opportunités du marché des titres d’Etat qui sont libres de risque. Pour y arriver, les acteurs devront se former à la finance et avoir la culture du risque comme dans les pays développés.

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